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ORIGINE :
Les songhoï ,un peuple originaire du Diendi, région du Nord de Niamey avaient établi un petit royaume à Gao.
En 1010 la dynastie des DIA s’installe à Gao, dont la situation géographique est privilégiée car elle est située à l’extrémité de la piste transsaharienne Tripoli-Niger. Gao est alors la charnière entre le sud profond et les royaumes musulmans de la Méditerranée.
Au début du XIVé siècle, contestant la suprématie du mandingue, le royaume est annexé par le général malien Sagamandia, les deux fils du Dia étant emmenés en otages.
DU ROYAUME A L'EMPIRE:
En 1335, les deux frères s'évadent et, sur le modèle malien, ils organisent leur pays et son armée. Ainsi peuvent-ils s'émanciper de la tutelle malienne.
Ali Kolen qui prend le pouvoir reçoit le titre de Sonni (c'est-à-dire sauveur) que porteront aussi ses successeurs.
C'est sans doute à cette époque qu'Ibn Battouta passe un mois dans la ville de "Caoucou " (Gao) dont il dit
"C'est une des plus belles cités des nègres, une des plus vastes et des plus abondantes en vivres... le commerce de vente et d'achat se fait au moyen de petites coquilles ou cauris ou bien de monnaie..."
Selman Nar lui succède mais ses descendants retrouvent les rites païens auxquels les peuples étaient restés fidèles.
peuples étaient restés fidèles.
SONNI ALI BER (ALI le grand)
En 1464 Ali Ber (Ali le Grand) monte sur le trône. Les songhoï dominèrent le mali sous la direction de leur chef Sonni Ali. Celui-ci structura l’administration et forgea une armée efficace : développement de la cavalerie, décisive en saison sèche et construction d’une flotte de grandes pirogues, indispensable en période de hautes eaux.ses cavaliers s’emparèrent de Tombouctou en 1468 et sa flotte de quatre cents pirogues assiégea Djenné, imprenable par terre cinq ans plus tard. En s’emparant de ces villes le royaume de Gao pouvait contrôler le commerce entre la forêt (Noix de cola), la savane(mil), le désert(sel) et le monde arabe( produit de luxe).
Maître de la boucle du Niger, il conquiert la partie septentrionale du royaume Mossi du Yatenga.
Bien que converti à l’islam, il lui arrivait de pratiquer des rites animistes. On assista au retour de l’animisme. Sonni Ali Ber s'oppose aux Oulemas qui le traitent d'hérétique et se livre à de sanglantes persécutions contre eux et contre les Peul, mais il meurt en 1492 au cours d'une campagne militaire.
ASKIA MAMADOU ( Mohamed)
Son fils lui succède mais est renversé par Mamadou (mohamed) Toure, un de ses lieutenants qui fonde la dynastie des Askia (1493).
Ce général d'origine Soninké est en fait un pacificateur et un bon organisateur. Renonçant au système des levées en masse qu'avait pratiqué le sonni Ali-le-Grand et qui empêchait les paysans de se livrer aux travaux des champs, il recruta une armée de métier parmi des esclaves et des prisonniers de guerre, ce qui lui permit de laisser les cultivateurs sur leurs terres toute l'année, les artisans à leurs métiers et les commerçants à leurs affaires.
Il fixe sa capitale à Tombouctou, étend son empire sur le Fouta Toro (au Sénégal aujourd'hui). Il canalise le Niger et construit une flotte pour améliorer les communications entre ses peuples. Il unifie les poids et mesures et augmente les productions de sel et d'or.
IL divise son royaume en quatres vice royautés et plusieurs gouvernements. Témoignant d'un grand respect pour les personnages religieux et les savants, il fit de Gao, de Oualata et surtout de Tombouctou et de Djenné des centres intellectuels qui jetèrent un vif éclat et où des docteurs et des écrivains renommés du Maghreb venaient compléter leurs études et parfois se fixer définitivement comme le fit plus tard le célèbre Ahmed-Bâba.
Des jurisconsultes de valeur, comme les El-Akît et les Bagayogo, les premiers de race blanche, les seconds de race noire, se formèrent aux écoles de Tombouctou et
toute une littérature s’y développa, aux XVI è et au XVII é siècles.
les produits nous sont révélés peu à peu par la découverte d'ouvrages fort intéressants, rédigés en arabe à cette époque par des Noirs Sarakollé ou songhoï, tels que le Tarikh el fettâch- et le Tarikh es-Soudan.
IL part en pèlèrinage en 1497,l’askia rencontra de grands lettrés musulmans. IL consacra une somme de 100.000 dinars d’or à des aumônes et à l’achat d’un terrain ou il fit bâtir un lieu de résidence pour les pélerins soudanais. L’askia reçut du grand chérif de La Mecque, alors Moulaï El-Abbâs", l'investiture de khalife pour les pays du Tekrour », c'est-à-dire pour le Soudan. Le chérif alla même jusqu'à envoyer à Gao l'un de ses neveux, Moulaï Es -Sekli, originaire de Bagdad, en qualité d'ambassadeur du royaume du Hedjaz auprès de l'Askia.
De retour des lieux saints il entre en campagne contre tous ses voisins à l'ouest, à l'Est, et même assez loin au Nord (où il s'empare d'Agades en 1515), et au sud est jusqu'aux États Haoussa.
En 1528 ,il est presque aveugle, le 15 août 1529,il est détrôné par son fils Moussa. Avec celui-ci commença une série de luttes intestines, de guerres civiles, de dilapidations et de débauches, de massacres odieux et d'inutiles expéditions militaires qui désolèrent le Songhoï et ruinèrent peu à peu le magnifique édifice élevé par le premier Askia.
ASKIA DAOUD
L'un des fils de l’Askia Mamadou Toure, Daoud, qui régna de 1545-46, essaya de réagir
contre les habitudes de tyrannie sanguinaire et des folles dépenses qui s’étaient introduites depuis l’accession de son frère Moussa à la cour de Gao; il redonna de l'essor à l'agriculture et encouragea la science et l'étude, il sut se ménager l'amitié du sultan
du Maroc, Ahmed Ed-Déhébi. La paix civile est enfin rétablie en 1439 par Daoud, le dernier fils de Mohamed Toure, qui pousse son royaume jusqu'aux confins du Maghreb.
Le Manding était tombé si bas que l’Askia Daoud put , en 1545-46 avant de monter sur le trône de Gao, pousser l’armée songhoï jusqu’ à la capitale mandingue. - Niani ou Kangaba – y entra après avoir mis en fuite le mansa.
C'est en 1552 que Léon l'africain visite le pays :
« Les maisons de Tombutto sont, dit-il, des cabanes faites de pieux crépis d'argile avec des toits de paille. Au milieu de la ville se trouve un temple construit en pierres maçonnées avec un mortier de chaux par un architecte de la Bétique... et aussi un palais construit par le même maître et où loge le roi. Les boutiques des artisans sont nombreuses. Les étoffes d'Europe parviennent aussi à Tombutto, apportées par les marchands de Berberie. »
Ainsi les constructions d'Es Saheli sont-elles entretenues et les caravanes commerçantes nombreuses.
« Le roi, poursuit Léon l'africain, possède un grand trésor en monnaie et en lingots d'or. »
Le sel s'échange contre l'or et les esclaves du Sud. Le souverain du Songhaï a donc les mêmes sources de richesses que ses prédécesseurs.
Le sultan obtint de l’Askia Daoud, moyennant 10.000 dinars d’or, le privilége d’exploiter les salines de Tegaza possession des songhoï pour un an . Le profit qu'il en retira fut tel qu'il résolut de s'en rendre maître définitivement et, après la mort de Daoud. il envoya à Gao, auprès du successeur de ce dernier, une ambassade dont le but secret était de recueillir des informations sur les forces militaires du songhoï et en même temps, il expédiait dans la région de Tegaza une armée de 20.000 hommes,
DECADENCE ET FIN DE L'EMPIRE :
L'œuvre de Daoud ne lui survivra pas, ses héritiers entrant en lutte les uns avec les autres jusqu'à ce qu'en 1591 une expédition militaire envoyée par le Sultan de Marrakech achève la ruine du Songhaï.
Cette expédition est conduite par un renégat espagnol: le pacha Djouder, commandant une sorte de « légion étrangère » qui va traverser le désert pour anéantir l'empire rival. La troupe est importante: 2 000 arquebusiers, 500 spahis, 1500 lanciers marocains, 600 sapeurs, 8 000 chameaux et 1 000 chevaux pour le transport du matériel, s'y ajoutent les conducteurs.
De ceux avaient quitté Marrakech le 29 octobre 1590. Ils n'étaient plus que 3000 lorsqu' ils arrivèrent, le 18 mars 1591, sur les bords du Niger, mais ils avaient des armes à feu, chose jusqu'alors inconnue au Soudan, et ils purent, grâce à leurs mousquets. triompher aisément prés de Tondibi, entre Bourem et Gao, Le 12 mars 1591, de l'imposante armée de I'askia Issihakou Ishak II.
Cette dernière comptait pourtant 30.000 fantassins et 12.500 cavaliers d'après Tarikh es- Soudan ou, seulement 9.700 fantassins et 18.000 cavaliers d'après Tarikh el fettâsh, mais elle n’ avait à opposer aux balles des renégats espagnols que, des javelots, des lances et des boucliers de cuir ou de paille tressée. L'Askia avait bien pris la précaution de faire placer des vaches entre l’ennemi et ses propres troupes, de façon à couvrir celles-ci ; mais les malheureuses bêtes, affolées par le feu des mousquetons, prirent la fuite, se précipitèrent tête baisée sur les guerriers songhoï et ne contribuèrent qu'à hâter la déroute de ceux-ci, qui fut complète.
L'Askia abandonné par ses ministres et ses parents , évacue et se réfugie au gourma où il fut assassiné par les habitants. Gao qui est occupée par les Marocains.
Un autre corps expéditionnaire arrive et achève la défaite des Songhaï.
Le Sultan du Maroc rappelle Djouder, en 1599, et envoie un autre pacha Ammar, mais des troubles éclatent au Maroc à la mort du souverain.
En 1618 les Marocains n'ont plus les moyens de soutenir leur colonie, ils l'abandonnent au corps expéditionnaire.
De 1620 à 1750: 155 pachas se succèdent au pouvoir: emprisonnés, tués, exilés ou empoisonnés!
Durant tout ce temps il y a toujours un Askia à Tombouctou, mais il est désigné par les Marocains pour gouverner ses seuls sujets.
Peu à peu les Marocains se mêlent aux autochtones contribuant au mélange des populations, mélange caractéristique de la boucle du Niger, contribuant aussi à l'islamisation des peuples.
En 1828,René Caille décrivant Tombouctou y trouve
« 7 mosquées, dont 2 grandes, qui sont surmontées chacune d'une tour en briques, dans laquelle on monte par un escalier intérieur. »
Il la décrit comme :
« habitée de nègres de la nation de Kissour… Beaucoup de Maures se sont établis dans cette ville et s’y adonnent au commerce… Il y vient beaucoup d’Arabes, amenés par des caravanes qui séjournent dans la ville et augmentent momentanément la population… »
Dans l'intervalle les villes avaient été attaquées par des voisins turbulents: Gao par les Ouliminden en 1680, Tombouctou par les Touaregs en 1725 puis en 1737. Ils ne séjournent pas en ville mais attaquent les caravanes qui apportent leurs marchandises ou les flottilles qui transportent de Djenné ou d'ailleurs tout ce qui est nécessaire à l'alimentation de la ville: « mil, riz, beurre végétal, coton, étoffes du Soudan » car le sol est, selon R. Caille,
« de sable mouvant, d'un blanc tirant sur le jaune » et est impropre à toute culture.
La décadence est là. Où est l'antique splendeur? Qu’est devenu le siège de la foi religieuse et le centre de la vie intellectuelle musulmane ? Se demandera H. Barth en 1850.
Le mansa Mamoudou III voulut en 1599, profiter de l’anarchie qui régnait depuis la défaite de l’Askia Issihak II et tenta avec l’aide des Peuls du Macina de s’emparer de Djenné. Le pacha Ammar envoya ses fusiliers contre lui. Les mandingues et les Peuls résistèrent bravement au feu des Arma, mais l’intervention des habitants de Djenné qui prirent parti contre Mamoudou, obligea celui-ci à battre en retraite.
Cette démonstration de l’empereur mandingue poussa les pachas à le respecter.
EN CONCLUSION :
Les conquérants amenés par Djouder se signalèrent par leurs indisciplines , leurs rapines, leurs débauches, leurs persécutions envers les musulmans lettrés de Gao. Ces hommes d’une cupidité sans limite ont porté un coup fatal au développement d’une civilisation soudanaise exemplaire.